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Excursion dans le monde numérique de demain : entretien avec Uwe Bergmann, PDG du groupe COSMO CONSULT (1/3)

Pierre-Edouard ROUSSEL16/04/2018
Uwe Bergmann, PDG du groupe COSMO CONSULT

Les systèmes ERP sont-ils voués à disparaître ? Les logiciels professionnels seront-ils aussi facilement connectables qu'une simple prise de courant ? Comment l'intelligence artificielle (IA) et l'Internet des Objets (IoT) vont-ils nous aider à gagner en efficacité ? Dans un entretien avec le magazine informatique « IT Director », Uwe Bergmann, PDG du groupe COSMO CONSULT, ose consulter sa boule de cristal : il y voit notamment un monde où les entreprises assembleront leurs propres solutions de gestion à partir de modules individuels – comme s'il s'agissait de simples Lego. Découvrez la 1ère partie de cet interview dans lequel il évoque la stratégie du groupe à l'international et le partenariat avec Microsoft.

 IT Director : Mr Bergmann, pouvez-vous nous éclairer sur la manière dont votre entreprise s'est développée ?

U. Bergmann : Nous avons commencé à Berlin et à Dresde, en 2011, avec 70 collaborateurs, en tant que société détachée de Tectura, un partenaire Microsoft qui avait repris « l'ancien » Cosmo Consult en 2004. La première succursale a ouvert assez rapidement dans le sud de l'Allemagne. Depuis, nous enregistrons chaque année une forte croissance.

IT Director : Vous avez effectué des acquisitions ?

U. Bergmann : Notre première acquisition concernait une entreprise de business intelligence de Würzburg : nous souhaitions étoffer notre portefeuille ERP. En 2014, nous avons eu l'opportunité d'acheter notre ancienne société mère, ce qui était très intéressant car nous connaissions déjà parfaitement ses produits, ses collaborateurs, ses clients et ses structures. Avec cette première acquisition majeure, notre effectif est passé de 250 à 400 collaborateurs. Notre croissance, déjà très forte, s'est alors véritablement intensifiée.

En 2015, après avoir bien avancé dans le processus d'intégration de cette acquisition, nous avons racheté trois autres entreprises : en Allemagne, en France et en Espagne (il s'agissait d'ailleurs, dans ce pays, d'une entreprise de grande taille).

En 2017, nous avons ensuite fait l'acquisition de deux entreprises en Autriche et de deux autres en Allemagne. En Autriche, nous sommes devenus le plus gros partenaire Microsoft Dynamics en l'espace d'une année, et ce, sans présence préalable de notre entreprise dans le pays.

IT Director : L'internationalisation fait-elle partie de vos objectifs ?

U. Bergmann : L'internationalisation est déjà une réalité pour nous. Depuis 2014, nous sommes actifs en Suède, en France, en Espagne et en Suisse. Nous avons dû choisir : investir plus massivement en Espagne, pays qui semblait comparativement plus petit à l'époque, ou bien quitter complètement le pays. En optant pour une nouvelle acquisition en Espagne, nous avons également pu faire nos débuts en Amérique latine, où nous sommes aujourd'hui le deuxième plus gros partenaire Microsoft. 

IT Director : Cela signifie-t-il que vous souhaitez étendre votre clientèle traditionnelle (essentiellement des PME) aux entreprises de dimension internationale ?

U. Bergmann : Il faut bien comprendre ce que l'on entend par PME. Microsoft, de son côté, parle d’entreprises comptant jusqu'à 5 000 collaborateurs. De notre côté sur le terrain, le spectre d’entreprises est beaucoup plus large, de 50 à 20 000 collaborateurs avec une typologie très variée (PME, ETI, sièges de grands groupes, filiales).

Notre structure a, d'une part, clairement une orientation régionale, avec des succursales locales et des services clients de proximité. Mais nous disposons également d'une organisation globale, capable de servir des sociétés multinationales.

Nous nous adressons donc aux entreprises internationales. Cependant, nombre de nos clients de taille moyenne (avec 200 ou 300 collaborateurs) et même les plus petits sont très actifs à l'international : certains possèdent déjà deux ou trois sites, d'autres 10 ou plus.

IT Director : Vos différentes succursales nationales suffisent-elles à fournir l'assistance internationale nécessaire ou bien disposez-vous d'équipes dédiées au sein de votre organisation globale ?

U. Bergmann : Cosmo Consult International traite spécifiquement les questions internationales, en tant qu'entité dédiée. Elle aide les clients à déployer leurs stratégies internationales. Elle met aussi en œuvre les solutions logicielles adaptées (Microsoft Dynamics et nos propres solutions) et se charge de la gestion des partenaires pour les roll-out internationaux. Comme nous ne pouvons disposer de nos propres bureaux dans chaque pays, nous travaillons avec des partenaires Dynamics locaux. Nous connaissons parfois déjà ces partenaires avec qui nous avons eu l'occasion de travailler sur d'autres projets. Si ce n'est pas le cas, un processus de sélection pointue nous permet d'en trouver de nouveaux. Ainsi, les utilisateurs ont un point de contact attitré, un maître d'œuvre pour ainsi dire.

Nous proposons également notre assistance à travers le monde et la gestion globale des licences pour les produits Microsoft. Au fil du temps et de leur croissance, certains clients ont acheté de nombreuses licences dans différents pays qui les empêchent d'avoir une vue d'ensemble sur leurs inventaires et licences. Nous rassemblons toutes les informations et identifions les remises possibles, que nous négocions ensuite avec Microsoft.

IT Director : Comment se passe la collaboration avec Microsoft pour développer de nouvelles technologies et solutions professionnelles ?

U. Bergmann : Microsoft est aujourd'hui extrêmement rapide en matière de développement, dans presque tous les domaines. Je n'arrive pas à trouver un domaine dans lequel ce ne soit pas le cas.

IT Director : Je peux en citer un : les terminaux et systèmes d'exploitation mobiles.

U. Bergmann : C'est exact, mais je pense que Microsoft a simplement fini par admettre avoir perdu cette bataille. Et ce n'est pas une mauvaise chose, car l'entreprise a décidé de proposer ses propres services et applications cloud sur tous les terminaux en refusant toute dépendance avec quelque appareil que ce soit. Et en ce qui concerne les terminaux mêmes, il a bien fallu se rendre à l'évidence : il était trop tard. Mais côté solutions d'entreprise, Microsoft fait preuve d'un dynamisme remarquable qui permet des avancées extrêmement rapides.

IT Director : À quoi pensez-vous en particulier ?

U. Bergmann : D'abord à Office 365, qui propose de nouvelles fonctionnalités toutes les semaines. Et il en va de même pour la plateforme cloud Azure. En 2018, nous découvrons la version 365 Business Central de Dynamics et le package standard AX sera également continuellement mis à jour. Autre exemple : Power BI.

Microsoft a un dynamisme incroyable. Et cela exige beaucoup des partenaires, qui doivent en permanence se tenir informés (ce qui occupe un bon nombre de collaborateurs à temps plein). De plus, nous nous efforçons maintenant d'élargir notre offre et de ne plus « seulement » nous concentrer sur l'ERP. Nous souhaitons intégrer les processus et espaces de travail associés : d'Azure jusqu'aux lieux de travail modernes.

Nous nous intéressons aussi de très près au Big Data et aux outils d'analyse, domaines dans lesquels nous avons déjà fait plusieurs acquisitions. Celles-ci ont notamment concerné Maxcon Data Science, un spécialiste de l'Intelligence Artificielle (IA) : un domaine en pleine expansion.

Retrouvez la suite de cette interview ici : IT Director 2018 - Interview Uwe Bergmann (Partie 2/3)

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